L'esprit de Dieu m'a créé, Et le souffle du Tout Puissant m'anime.

Mais s'il se trouve pour lui un ange intercesseur, Un d'entre les mille Qui annoncent à l'homme la voie qu'il doit suivre,

Dieu parle cependant, tantôt d'une manière, Tantôt d'une autre, et l'on n'y prend point garde.

Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, Quand ils sont endormis sur leur couche.

Et sa chair a plus de fraîcheur qu'au premier âge, Il revient aux jours de sa jeunesse.

Par la douleur aussi l'homme est repris sur sa couche, Quand une lutte continue vient agiter ses os.

Maintenant donc, Job, écoute mes discours, Prête l'oreille à toutes mes paroles!

Dieu a compassion de lui et dit à l'ange: Délivre-le, afin qu'il ne descende pas dans la fosse; J'ai trouvé une rançon!

Il chante devant les hommes et dit: J'ai péché, j'ai violé la justice, Et je n'ai pas été puni comme je le méritais;

Il adresse à Dieu sa prière; et Dieu lui est propice, Lui laisse voir sa face avec joie, Et lui rend son innocence.

Alors il leur donne des avertissements Et met le sceau à ses instructions,

Devant Dieu je suis ton semblable, J'ai été comme toi formé de la boue;

Je te répondrai qu'en cela tu n'as pas raison, Car Dieu est plus grand que l'homme.

Dieu a délivré mon âme pour qu'elle n'entrât pas dans la fosse, Et ma vie s'épanouit à la lumière!

Veux-tu donc disputer avec lui, Parce qu'il ne rend aucun compte de ses actes?

C'est avec droiture de coeur que je vais parler, C'est la vérité pure qu'exprimeront mes lèvres:

Afin de garantir son âme de la fosse Et sa vie des coups du glaive.

Alors il prend en dégoût le pain, Même les aliments les plus exquis;

Son âme s'approche de la fosse, Et sa vie des messagers de la mort.

Je suis pur, je suis sans péché, Je suis net, il n'y a point en moi d'iniquité.

Et Dieu trouve contre moi des motifs de haine, Il me traite comme son ennemi;

Voilà tout ce que Dieu fait, Deux fois, trois fois, avec l'homme,

Pour ramener son âme de la fosse, Pour l'éclairer de la lumière des vivants.

Afin de détourner l'homme du mal Et de le préserver de l'orgueil,

Sa chair se consume et disparaît, Ses os qu'on ne voyait pas sont mis à nu;

Mais tu as dit à mes oreilles, Et j'ai entendu le son de tes paroles:

Sois attentif, Job, écoute-moi! Tais-toi, et je parlerai!

Voici, j'ouvre la bouche, Ma langue se remue dans mon palais.

Il met mes pieds dans les ceps, Il surveille tous mes mouvements.

Si tu le peux, réponds-moi, Défends ta cause, tiens-toi prêt!

Ainsi mes terreurs ne te troubleront pas, Et mon poids ne saurait t'accabler.

Si tu as quelque chose à dire, réponds-moi! Parle, car je voudrais te donner raison.

Si tu n'as rien à dire, écoute-moi! Tais-toi, et je t'enseignerai la sagesse.