'Des' dans la Bible

On arrache l'orphelin à la mamelle, On prend des gages sur le pauvre.

Dans les villes s'exhalent les soupirs des mourants, L'âme des blessés jette des cris... Et Dieu ne prend pas garde à ces infamies!

Eh quoi! l'impie est d'un poids léger sur la face des eaux, Il n'a sur la terre qu'une part maudite, Il ne prend jamais le chemin des vignes!

Comme la sécheresse et la chaleur absorbent les eaux de la neige, Ainsi le séjour des morts engloutit ceux qui pèchent!

Non! Dieu par sa force prolonge les jours des violents, Et les voilà debout quand ils désespéraient de la vie;

Ils se sont élevés; et en un instant ils ne sont plus, Ils tombent, ils meurent comme tous les hommes, Ils sont coupés comme la tête des épis.

Devant Dieu les ombres tremblent Au-dessous des eaux et de leurs habitants;

Devant lui le séjour des morts est nu, L'abîme n'a point de voile.

Il a tracé un cercle à la surface des eaux, Comme limite entre la lumière et les ténèbres.

S'il a des fils en grand nombre, c'est pour le glaive, Et ses rejetons manquent de pain;

Les terreurs le surprennent comme des eaux; Un tourbillon l'enlève au milieu de la nuit.

Dieu lance sans pitié des traits contre lui, Et le méchant voudrait fuir pour les éviter.

On bat des mains à sa chute, Et on le siffle à son départ.

Il creuse un puits loin des lieux habités; Ses pieds ne lui sont plus en aide, Et il est suspendu, balancé, loin des humains.

Il ouvre des tranchées dans les rochers, Et son oeil contemple tout ce qu'il y a de précieux;

Il arrête l'écoulement des eaux, Et il produit à la lumière ce qui est caché.

L'homme n'en connaît point le prix; Elle ne se trouve pas dans la terre des vivants.

Quand il régla le poids du vent, Et qu'il fixa la mesure des eaux,

Quand il donna des lois à la pluie, Et qu'il traça la route de l'éclair et du tonnerre,

Quand mes pieds se baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d'huile!

La voix des chefs se taisait, Et leur langue s'attachait à leur palais.

J'étais le père des misérables, J'examinais la cause de l'inconnu;

J'aimais à aller vers eux, et je m'asseyais à leur tête; J'étais comme un roi au milieu d'une troupe, Comme un consolateur auprès des affligés.

Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages, Et ils n'ont pour pain que la racine des genêts.

On les chasse du milieu des hommes, On crie après eux comme après des voleurs.

Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine;

N'avais-je pas des larmes pour l'infortuné? Mon coeur n'avait-il pas pitié de l'indigent?

Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches.

Ma harpe n'est plus qu'un instrument de deuil, Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs.

Quelle part Dieu m'eût-il réservée d'en haut? Quel héritage le Tout Puissant m'eût-il envoyé des cieux?

Que Dieu me pèse dans des balances justes, Et il reconnaîtra mon intégrité!

Moi qui l'ai dès ma jeunesse élevé comme un père, Moi qui dès ma naissance ai soutenu la veuve;

Si je me suis réjoui de la grandeur de mes biens, De la quantité des richesses que j'avais acquises;

Parce que j'avais peur de la multitude, Parce que je craignais le mépris des familles, Me tenant à l'écart et n'osant franchir ma porte...

Si ma terre crie contre moi, Et que ses sillons versent des larmes;

Qu'il y croisse des épines au lieu de froment, Et de l'ivraie au lieu d'orge! Fin des paroles de Job.

Et Élihu, fils de Barakeel de Buz, prit la parole et dit: Je suis jeune, et vous êtes des vieillards; C'est pourquoi j'ai craint, j'ai redouté De vous faire connaître mon sentiment.

Je disais en moi-même: Les jours parleront, Le grand nombre des années enseignera la sagesse.

J'ai attendu la fin de vos discours, J'ai suivi vos raisonnements, Votre examen des paroles de Job.

Mon intérieur est comme un vin qui n'a pas d'issue, Comme des outres neuves qui vont éclater.

Et Dieu trouve contre moi des motifs de haine, Il me traite comme son ennemi;

Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, Quand ils sont endormis sur leur couche.

Alors il leur donne des avertissements Et met le sceau à ses instructions,

Afin de garantir son âme de la fosse Et sa vie des coups du glaive.

Son âme s'approche de la fosse, Et sa vie des messagers de la mort.

Pour ramener son âme de la fosse, Pour l'éclairer de la lumière des vivants.

Qui proclame la méchanceté des rois Et l'iniquité des princes,

Qui n'a point égard à l'apparence des grands Et ne distingue pas le riche du pauvre, Parce que tous sont l'ouvrage de ses mains?

Il les frappe comme des impies, A la face de tous les regards.

Ils ont fait monter à Dieu le cri du pauvre, Ils l'ont rendu attentif aux cris des malheureux.

Montre-moi ce que je ne vois pas; Si j'ai commis des injustices, je n'en commettrai plus?

Car il ajoute à ses fautes de nouveaux péchés; Il bat des mains au milieu de nous, Il multiplie ses paroles contre Dieu.

On crie contre la multitude des oppresseurs, On se plaint de la violence d'un grand nombre;

Mais nul ne dit: Où est Dieu, mon créateur, Qui inspire des chants d'allégresse pendant la nuit,

On a beau crier alors, Dieu ne répond pas, A cause de l'orgueil des méchants.

Attends un peu, et je vais poursuivre, Car j'ai des paroles encore pour la cause de Dieu.

Sois-en sûr, mes discours ne sont pas des mensonges, Mes sentiments devant toi sont sincères.

Les nuages la laissent couler, Ils la répandent sur la foule des hommes.

Il le fait rouler dans toute l'étendue des cieux, Et son éclair brille jusqu'aux extrémités de la terre.

Puis éclate un rugissement: il tonne de sa voix majestueuse; Il ne retient plus l'éclair, dès que sa voix retentit.

L'ouragan vient du midi, Et le froid, des vents du nord.

Comprends-tu le balancement des nuées, Les merveilles de celui dont la science est parfaite?

Qui est celui qui obscurcit mes desseins Par des discours sans intelligence?

Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie?

Qui a fermé la mer avec des portes, Quand elle s'élança du sein maternel;

Quand je lui imposai ma loi, Et que je lui mis des barrières et des portes;

Noues-tu les liens des Pléiades, Ou détaches-tu les cordages de l'Orion?

Élèves-tu la voix jusqu'aux nuées, Pour appeler à toi des torrents d'eaux?

Qui peut avec sagesse compter les nuages, Et verser les outres des cieux,

Chasses-tu la proie pour la lionne, Et apaises-tu la faim des lionceaux,

Il se rit du tumulte des villes, Il n'entend pas les cris d'un maître.

L'attaches-tu par une corde pour qu'il trace un sillon? Va-t-il après toi briser les mottes des vallées?

Elle oublie que le pied peut les écraser, Qu'une bête des champs peut les fouler.

Il creuse le sol et se réjouit de sa force, Il s'élance au-devant des armes;

Quand la trompette sonne, il dit: En avant! Et de loin il flaire la bataille, La voix tonnante des chefs et les cris de guerre.

C'est dans les rochers qu'il habite, qu'il a sa demeure, Sur la cime des rochers, sur le sommet des monts.

Ses petits boivent le sang; Et là où sont des cadavres, l'aigle se trouve.

Ses os sont des tubes d'airain, Ses membres sont comme des barres de fer.

Il est la première des oeuvres de Dieu; Celui qui l'a fait l'a pourvu d'un glaive.

Il trouve sa pâture dans les montagnes, Où se jouent toutes les bêtes des champs.

Il se couche sous les lotus, Au milieu des roseaux et des marécages;

Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables.

Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent.

Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards.

Sous son ventre sont des pointes aiguës: On dirait une herse qu'il étend sur le limon.

Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux. 

Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs,

Il n'en est pas ainsi des méchants: Ils sont comme la paille que le vent dissipe.

C'est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, Ni les pécheurs dans l'assemblée des justes;

Car l'Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine. 

Lève-toi, Éternel! sauve-moi, mon Dieu! Car tu frappes à la joue tous mes ennemis, Tu brises les dents des méchants.

Fils des hommes, jusques à quand ma gloire sera-t-elle outragée? Jusques à quand aimerez-vous la vanité, Chercherez-vous le mensonge? -Pause.

Offrez des sacrifices de justice, Et confiez-vous à l'Éternel.

Car il n'y a point de sincérité dans leur bouche; Leur coeur est rempli de malice, Leur gosier est un sépulcre ouvert, Et ils ont sur la langue des paroles flatteuses.

Frappe-les comme des coupables, ô Dieu! Que leurs desseins amènent leur chute! Précipite-les au milieu de leurs péchés sans nombre! Car ils se révoltent contre toi.

Car celui qui meurt n'a plus ton souvenir; Qui te louera dans le séjour des morts?

Que l'assemblée des peuples t'environne! Monte au-dessus d'elle vers les lieux élevés!

Mets un terme à la malice des méchants, Et affermis le juste, Toi qui sondes les coeurs et les reins, Dieu juste!

Il dirige sur lui des traits meurtriers, Il rend ses flèches brûlantes.

Éternel, notre Seigneur! Que ton nom est magnifique sur toute la terre! Ta majesté s'élève au-dessus des cieux.